samedi 14 février 2009

Ma démarche artistique


« Je ne cherche pas, je trouve »
       Picasso

  Il y a sept ans le choix du collage comme mode d’expression s’est imposé ; il s’est enraciné dans un terreau fait de désir et de colère.

  Colère face au pillage des grandes forêts de notre planète.

  Désirs multiples : celui de travailler avec des matériaux légers, de récupération, dans le refus des médiums classiques et coûteux, celui de m’affranchir de la création très codée du dessin textile, que j’ai pratiquée auparavant, celui d’aller vers l’expression pure (telle que la conçoit Arno Stern), mais encore celui d’observer comment une pratique artistique régulière, participe de la connaissance de soi, lorsqu’elle est suit des règles appropriées.

 Enfin, j’ajouterais une sixième mobile, celui de comprendre la nature de la créativité.

 Mon travail de collage s’inscrit alors dans la réalité de deux formations parallèles, toutes deux vouées à une meilleure connaissance de l’humain dans toutes ses dimensions, physiques, mentales et émotionnelles. Ce sont l’art-thérapie et la relation d’aide, communication et accompagnement avec pour outil principal le Yoga Nidra.

  J’ai abordé le collage avec un esprit nourri de tout ce que j’ai glané et expérimenté des philosophies et pratiques corporelles orientales telles que Hatha Yoga, Taï Chi Chuan et Yoga Nidra (méthode de relaxation complète) depuis mon adolescence. Nourri également par l’anthroposophie, courant de pensée que je me suis appropriée au sortir de ma formation en arts plastiques.

  Et depuis plus de trente ans, François Cheng, avec son livre « Le plein et le vide » conduit mes pas dans la création.

 La phrase de Picasso « Je ne cherche pas, je trouve » me semble exprimer parfaitement le fondement de ma démarche créative qui est sous-tendue par une volonté de demeurer entre lâcher-prises et maîtrise à chaque instant.

  C’est le propre de la danse du No, alliance de force et de « fragilité ».

  « Singuliers » ou orientalisant, voire japonisant, mes collages paraissent parler à l’âme de celui qui s’y attarde.

  Ils évoquent, suscitent, provoquent…

  Ils sont musique et poésie…

  Ils se veulent expression d’un état. Si la figuration surgit, c’est à mon insu, figures humaines ou formes animales que j’exploite en tant que telles.

  Conséquence d’une créativité sans cesse sollicitée, d’une présence à moi-même et à l’œuvre en train de se faire, de chaque instant, tout collage est unique.

  Quand je colle, je me rends le plus totalement disponible à mon ressenti immédiat ou à une émotion passée que je réactualise, mais le plus souvent je me laisse aller à la rêverie, partant des matériaux à ma disposition.

  S’instaure dès les premiers instants, une connivence entre moi et la matière, un échange entre monde « intérieur » et extérieur.

  Mes collages ont la force de l’immédiateté, de l’imprévisible, de l’aléatoire.

  Ma démarche s’apparente à celle du rêve éveillé.

  Ils sont des morceaux d’authenticité, entre expression et esthétisme.

  Mais parlons un peu des matériaux que j’emploie actuellement : ce sont des papiers, des cartons de différentes qualités.

  De chacun j’essaie de trouver le pouvoir d’expression propre.

  Certains sont de récupération car je me maintiens dans ma ligne anti-gaspillage, d’autres sont achetés.

  J’ai une prédilection pour les papiers légers, transparents. Ils me permettent de retrouver les effets que j’obtenais avec les glacis de la peinture à l’huile.

  J’emploie les papiers bruts ou transformés au préalable.

  Couche après couche, le collage prend sens.

  L’harmonie colorée est sobre : rouge, blanc, noir, jaune, bleu, gris.

  Elle est porteuse de vie et de mort.

  La technique du collage peut paraître simple mais elle nécessite beaucoup d’attention et de précautions à prendre pour assurer à l’œuvre sa pérennité.

Mariane Duport

2008 - St Antoine

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